Interview

 

 

 

Premier d’une série d’interviews. 08.01.2018

 

Nous sommes allés à Carcassonne à la rencontre de Marie-France Arnold.

Depuis plusieurs années, elle y vit au pied de la Cité médiévale - un décor de théâtre fabuleux que chaque nuit illumine. Une maison charmante. Un jardin merveilleux qui est son œuvre.

  • Marie-France, tout le monde vous connait sous le prénom de Françoise. Nous permettez-vous de vous appeler ainsi ? En tout simplicité ?

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  • Je préfère et je vous en remercie !

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  • Vous semblez être une femme de passion. Est-ce vrai ?

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  • Exact. J’aime ou je déteste. Et si je déteste, je me désintéresse totalement. Par contre, si j’aime, quoi que ce soit d’ailleurs, alors j’explose de vie. Je vais au bout des choses mais presque toujours avec réflexion, ce qui m’évite quelques erreurs … enfin maintenant ! !

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  • Ce fut toujours le cas dans votre vie ?

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  • Je crois oui … la passion m’a menée très loin … et s’est hélas achevée par un dénouement dramatique dont me reste à jamais le meilleur – un fils, une petite-fille – ma raison de vivre dorénavant. Ils occultent la trahison …

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  • Et vous avez trouvé l’écriture ?

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  • J’ai trouvé l’écriture et je ne peux plus m’en passer. C’est mon addiction.

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  • Cela s’est fait comment ? Rencontres, co-incidences … Rien à voir avec votre profession puisque vous faisiez partie de la Recherche Médicale. Vous travailliez sur le cerveau … Bizarre non ?

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  • Dans ma descente aux enfers … et elle a duré longtemps … j’ai eu beaucoup de chance. Co-incidences certainement. Des rencontres, des opportunités que j’ai d’abord refusées …. puis enfin saisies avec enthousiasme. Ainsi j’ai accepté de présenter des sujets aussi inattendus et ardus que La Lune, Les Catacombes de Paris, Les grands mythes d’origine de la capitale … Bref, des commandesJ’ai cependant posé une condition. Les traiter à ma manière !

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  • Un défi ?

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  • Non plutôt de l’inconsciencecar c’était très nouveau pour moi … Un long travail de documentation était nécessaire … et après des mois de réflexion, je suis enfin entrée dans l’esprit des premiers celto-gaulois et de leurs descendants … Ils n’avaient pas la connaissance scientifique et devaient se rassurer pour vivre en bonne intelligence avec les éléments. Ils les croyaient à leur image. Des humains beaucoup plus forts qu’eux. Incontrôlables … Mettons-nous à leur place … les éclairs zèbrent le ciel noir … la Seine dévale à toute vitesse en tourbillons boueux … Terrifiant non ?

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  • C’est ainsi que dans chaque civilisation  sont nées les cosmogonies (dont vous avez parlé dans Sciences et puissance de la lune) ? Et les divinités ? Les êtres imaginaires, initiateurs … Et … très important pour vous … ce qu’il en reste encore dans Paris de nos jours ? Nous pensons d’emblée à Isoré … et la rue de la Tombe-Issoire …

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  • C’est exact. Et il me semble découvrir sans cesse un détail qui m’a échappé … lien … symbole … simple clin d’œil … C’est sans fin … la mémoire archaïque ne s’éteint jamais, vous le savez bien !

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  • Comment l’avez-vous écrit ?

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  • De manière très simple. Comme si je les avais réellement vus vivre. Un peu en journaliste !

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  • On le sent tout particulièrement quand vous décrivez la vie quotidienne des Parisii celto-gallo-romains en symbiose avec leurs divinités principales. On le sent aussi, et nous avons beaucoup aimé, quand vous rapportez l’histoire de Saint Denis comme une énigme policière ! La relation évidente avec le masque liturgique d’un Grand Initiateur … mythique bien sûr  de la colline de Montmartre.

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  • Je me suis prise au jeu … et j’ai recommencé en racontant la vie quotidienne et les coutumes des parisiens des premiers siècles afin de montrer pourquoi des Catacombes furent inévitables. Une fresque vivante du Paris-dessus et du Paris-dessous réunie en un seul livre. Ca, c’était mon défi.

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  • Françoise, pourriez-vous nous dire pourquoi vous avez été Conférencier-vacataire à la Ville de Paris ? Nous savons que chaque week-end vous avez passionné de nombreux groupes à l’intérieur même des Catacombes. Ces mêmes groupes vous ont alors demandé de les mener sur les traces du Paris médiéval où, illustrations à l’appui, vous racontiez la vie quotidienne de la Vallée de la Misère … les Halles, la Grande Boucherie, Nicolas Flamel, la Cour des Miracles, la Rue au Foin et ses étudiants, les collèges, …. Puis Abélard et Héloïse dans la Cité … Quelques années plus tard, vous avez aussi raconté Kafka !

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  • Ah c’est une belle histoire … mais je vous dirai tout - depuis le début - lors de notre prochaine rencontre si vous voulez bien ? C’est promis !